Montréal – Beer’ Sheva : liens de solidarité et d’amour

Par Martine Mechaly

Si comme moi, vous n’avez jamais mis les pieds en Israël, ou vous n’avez jamais fait de bénévolat, mais que vous rêvez « un jour » de le faire, la Mission de solidarité des Bar-Mitzvots est pour vous. Sans blague! Je ne suis pas là pour vous la vendre. Mais c’est une occasion de faire l’un ou l’autre, ou les deux. C’est ce que j’ai vécu l’an dernier.

De l’aéroport de Tel-Aviv, nous arrivons deux heures plus tard à Jérusalem, la nuit tombée. Fatigués, sans doute! Mais pas question de manquer la première visite au Kotel. Nous voulons tout voir ou tout revoir. Les pavés brillent, lustrés par les milliers de pas qui les ont foulés depuis des milliers d’années. Chaque détail nous appelle vers l’histoire, notre  histoire, l’histoire de l’humanité. À la sortie des ruelles, l’esplanade du Kotel accueillante, impressionnante, bourdonnante de prières et recueillie sur les milliers de pèlerins qui sont là. Les émotions sont grandes, la sensibilité à fleur de peau. Chacun a un ou des êtres chers pour qui prier, toucher le mur et y laisser des messages. Certains pleurent, d’autres se taisent.

Au cours des jours suivants, nous visiterons toutes sortes d’endroits, tous plus intéressants les uns que les autres : la Cité de David, le Site du Mont Herzl, le marché Yeouda Machane, la terrasse du Rav Menache, la Knessett, la mer Morte,  Massada à droite, En Gedii à gauche. Après le bain inévitable, nous repartons vers Beer’ Sheva, la destination principale de cette mission.

Nous effectuons là quelques jours de bénévolat. Le groupe est réparti entre différents centres. Je suis placée au Centre Ilan, un centre d’activités pour handicapés. Je dessine et je peins avec eux, je dessine pour eux, je les regarde et ils m’observent. Incapables de communiquer : les sourires et les mains font tout. Deux mondes différents : je perçois nettement qu’ils m’apportent finalement bien davantage que je ne leur donne. Lors de notre dernière journée au Centre Ilan, les adieux sont difficiles. Aurais-je encore la chance de pouvoir faire quelque chose pour eux?
Nous visitons aussi au cours des jours suivants une fabrique de talith, une base militaire de terre, une escouade de tankistes : soixante hommes sur le qui-vive en permanence à cinq mètres à peine du mur, âgés de 18 à 24 ans… des hommes vraiment? Baba Salé ensuite.

Le grand jour des Bar-Mitzvots arrive. Levés très tôt, nous les rejoignons ainsi que leurs parents dans un moshav pour la Séouda et les photos. Ils sont tous très beaux avec leurs costumes. Certains parents timides se tiennent en arrière, impressionnés sans doute par l’ampleur que prend l’événement. La plupart d’entre eux ne sont jamais sortis de Beer ‘Sheva. Nous arrivons à Jérusalem par la porte de Damas : musiciens, danseurs, terbokas, schofar, touristes, religieux, gardes aux entrées, femmes tendant des tsedakas. Nous nous dirigeons vers le Kotel nous, les 50 Bar-Mitzvots et de leur famille, un groupe de près de 200 personnes. À la Synagogue Ohel Vitzchak, remise des tsisits, des livres et des kippots. Nous les femmes, nous laissons les premières places aux mamans qui veulent voir leurs fils. La plupart d’entre nous se rappellent avec émotion la Bar-Mitzvah de leurs propres garçons. La barrière du langage est toujours là, malheureusement… pourtant nous aimerions partager leurs émotions et les féliciter. Nous voici en route vers la salle de réception où nous arrivons les premiers. La salle est magnifique : DJ, piste de danse et grandes tables nappées de blanc, au centre un grand chandelier et des centaines de ballons blancs et bleus. Les enfants et leurs parents arrivent. Danse, discours, le tout entrecoupé de plats délicieux qui circulent. Quelquefois, les enfants sortent courir dans la grande allée remplie d’arbres qui bordent le hall. De nouveau, danse, discours, photos, remise de cadeaux puis le spectacle d’un mime qui captive les enfants pendant près d’une demi-heure. La fête s’achève, la nuit est tombée. Nous échangeons des adieux avec eux, nous les embrassons le temps de quelques Mazal Tov. Nous enverrons des photos, après tout c’est leur fête et non la nôtre.

Vendredi 19 novembre 6 h – La route défile dans le désert. Plus un mot, certains dorment, d’autres sont perdus dans leurs pensées. Nous sommes étrangement calmes. La partie principale du voyage est réalisée. Mission accomplie, nous en sommes fiers, mais nous sommes tristes aussi. Nous aimerions prolonger notre séjour et faire plus encore. Dernier shabbat ensemble. Nous avons tous hâte de nous retrouver à Montréal. Des amitiés se sont formées, des souvenirs se sont partagés et nous voulons tous nous revoir. Qui sait? L’an prochain à Jérusalem peut-être.